Ce blog cherche à sensibiliser les lecteurs sur la diversité ethnolinguistique de notre planète, avec certaines réflexions qui me viennent et qui sont en rapport avec les cartes linguistiques de mon site.
Introduction
D'un point de vue ethnolinguistique, une des quatre branches principales de l'anthropologie, je me posais la question suivante : Les Simpson sont-ils plus proches des Français ou des Z'Américains ?
Si l'on compare la diversité ethnique des Simpson avec celle de la France métropolitaine, Geeez, mais c'est presque la même affaire (Voir les 5 répartitions graphiques ci-dessous). En fait la représentation des différents groupes ethniques en pourcentage de la ville de Springfield ressemble de beaucoup à celle de la France. Mais alors pourquoi toute la diversité américaine n'a-t-elle pas été respectée chez les Simpson ? Pourquoi sont-ils tous jaunes ?
Selon le créateur David Silverman, les Simpson ont été coloriés en jaune car il fallait que les cheveux de Bart, Lisa et Magie soient confondus avec le visage. Une des raisons qui a poussé Gyorgi Peluci (celui qui a choisi la couleur de la peau) à confondre le visage et les cheveux est que le front de Bart est très grand et il valait mieux que ça ne se voit pas. La seconde explication est que cette couleur a été choisie afin d'attirer l'attention des spectateurs et comme le jaune coûtait moins cher, celui-ci a été définitivement adopté par la production.
Voilà, j'ai répondu à la seconde question, cependant, je n'essaierai pas de répondre à la première avec une pirouette à la façon de Katty, je cherchais plutôt à parler d'un sujet connexe mais avec une introduction un peu humoristique. Je ne prétends surtout pas détenir la vérité, mais plutôt à défricher sauvagement un sujet très débattu de façon informelle, étudié, mais peu ou pas analysé scientifiquement par manque de statistiques.
À la recherche de statistiques ethniques
Ce qui m'intéresse ici, c'est de connaître les Français de nationalité dans leur diversité ethnique et vivant en France métropolitaine. Et puis pourquoi est-ce un sujet à éviter dans ce pays pas si multiethnique en pourcentage comparé au nombre impressionnant de nations ayant de très fortes minorités ? Sans aucun doute, les brassages entre Français et autres Européens durent depuis des siècles et ont façonné la France, mais une immigration récente venue d'ailleurs semble poser problème si l'on en croit même les médias.
J'avais envie d'y mettre mon nez car d'un point de vue éthique, cela sent plutôt mauvais, exactement comme notre fameuse commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles (CCPARDC). Plus connue sous le nom de la Commission Bouchard-Taylor dont voici le Best of avec quelques extraits. (C'est vraiment trop drôle)
D'abord il faut savoir qu'en France, le Conseil constitutionnel a invalidé l’article 63 relatif aux « statistiques ethniques », comme tel qui est contraire à l’article 1er de la Constitution disposant que : « La France assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. » Il a déclaré que les traitements nécessaires à la conduite des études sur la mesure de la diversité des origines peuvent porter sur des données objectives mais ils ne peuvent pas reposer sur l’origine ethnique ou la « race ». (J'ai trouvé ça sur Internet)
Mais alors dites-moi en quoi les statistiques raciales ou sur la provenance ethnique peuvent être un danger pour une société ?
Les inégalités raciales, la pauvreté, les différences de classes entre autres existent aussi bien en France qu'ailleurs.
Que vous viviez dans une société très multiethnique comme ici au Canada ou peu multiethnique comme l'Islande (Les Islandais représentent 96.5% de la population totale), tous les problèmes inhérents à une vie en société existent. Si la discrimination raciale, liée à la couleur de peau comme au Brésil ou selon le nom de la tribu comme au Rwanda, était hypothétiquement absente, on se rabattrait sur des discriminations autres, telles que : l'apparence physique, l'origine de la langue, l'accent, l'état de santé d'un individu (séropositivité), handicap mental ou physique, à l'orientation sexuelle, aux mœurs (fumer, boire, jouer, populations non sédentaires), au lieu d'habitation (quartiers difficiles), nationalité, orientations politiques, religieuses (très à la mode depuis le 11 septembre ou en Inde avec les castes), aux classes sociales ou à l'origine sociale, aux professions, à la pauvreté, à la culture de l'individu, à l'âge, au patronyme, l'état de grossesse …etc. Je pourrais continuer à allonger cette liste, la bêtise humaine étant sans limite, comme disait notre ami Einstein. Et puis, vous le savez déjà, les discriminations les plus diverses s'appliquent déjà depuis des siècles partout et par tous sur notre planète. Anyways, les hommes auront toujours le don de diviser les sociétés et de les hiérarchiser tant et aussi longtemps que la cupidité et la soif de pouvoir l'emporteront sur l'altruisme. Ooops, je m'emporte. En tout cas, les statistiques ethniques n'empêchent en rien la progression de l'assimilation / intégration des immigrés (Confère le Canada).
En résumé, trouver des statistiques fiables sur la diversité ethnolinguistique de France, comme celles faites aux États-Unis ou au Canada, est presque mission impossible sauf pour la Nouvelle-Calédonie où c'est autorisé.
Cependant je me suis essayé à créer un graphique qui se base sur la définition du Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie : "Tandis qu'en Allemagne, dans les pays slaves et dans l'Europe du Nord, les dérivés d'ethnos mettent l'accent sur le sentiment d'appartenance à une collectivité, en France le critère déterminant de l'ethnie est la communauté linguistique".
Le livre de David Levinson, "Ethnic Groups Worldwide", a ready reference Handbook, (de la page 27 à 33) fut un outil précieux car il reprend cette même définition et énumère les différents groupes ethniques. Ensuite, d'après les chiffres sur le nombre d'immigrants en 2005 publié par l'INSEE, sur les communautés linguistiques estimées sur Wikipédia, et différents recoupements, je suis arrivé à avoir un joli Pacman assez représentatif. Bien-sûr qu'il y a matière à discuter mais ce portrait ethnographique semble correspondre à une certaine réalité. Les français de souche sont très largement représentés.
Le graphique du haut représente une carte ethnolinguistique, champ qui analyse la relation entre la culture, la pensée et le langage et qui fait partie de la branche de l'anthropologie du langage. Le graphique ci-dessous est un graphique axé sur l'ethnologie, également nommée anthropologie socioculturelle, une autre branche de l'anthropologie qui est un champ d'études toujours en évolution, car très sensible aux changements toujours plus radicaux (sociologique) et parfois troublants qui secouent le monde. Il y a souvent un amalgame entre ethnolinguistique et ethnologie. Voir Anthropologie et critères ethnologiques
Je rajouterai que suite à la lecture de cet article et de cette vidéo sur Michèle Tribalat : "les pouvoirs publics relativisent l'immigration" et du blog de Philippe Bilger sur les propos d'Éric Zemmour : ''La part des étrangers dans la population française est restée stable depuis 1975 et même les années 1930 : 10 %. Chiffre invariablement brandi depuis trente ans. Chiffre indiscutable. .... C’est ainsi que l’on a agi depuis trente ans : aux cent mille étrangers, solde annuel entre les entrants et les sortants (deux cent mille depuis dix ans), sans tenir compte des irréguliers, ont correspondu autant de naturalisations.'', il faudrait donc dans les deux graphiques peut-être enlever 8% de ''Français de souche'' pour y mettre une population immigrante et issue de l'immigration.
Pourquoi aucune statistique ?
Selon Lévi-Strauss : "Analytique et descriptive, l’ethnographie correspond aux premiers stades de la recherche : c’est l’enquête sur le terrain et la collecte de données de toutes sortes sur une société particulière, aboutissant ordinairement à une étude monographique, circonscrite dans le temps et dans l’espace. L’ethnologie prolonge l’ethnographie et représente un premier effort de synthèse visant à des généralisations suffisamment vastes à un niveau régional (ensemble de sociétés voisines présentant des affinités) ou thématique (attention portée sur un type de phénomène ou de pratique commun à de nombreuses sociétés) pour que le recours à des sources ethnographiques secondaires en constitue le préalable obligé et la mise au jour de propriétés comparables, le résultat attendu. Plus rarement menée à bien, l’anthropologie représente le dernier moment de la synthèse : sur la base des enseignements de l’ethnographie et de l’ethnologie, elle aspire à produire une connaissance globale de l’homme en découvrant les principes qui rendent intelligible la diversité de ses productions sociales et de ses représentations culturelles au long des siècles et à travers les continents."
Alors la première question qui me vient à l'esprit de ce texte est :
Comment peut-on comprendre clairement et avoir une vue d'ensemble de la société française sans ethnographie ?
Et à qui donc profite le "crime", si je puis me permettre cette expression ?
Politiquement, je pense que le premier objectif à long terme de ce manque de statistiques a pour but de conforter le concept de nation et de favoriser ainsi le groupe ethnique français qui se construit, se forge constamment, en constante évolution, et ce au détriment de toutes les autres composantes sociolinguistiques autochtones (Corses, Basques, Bretons, Catalans et Alsaciens) et socioculturelles des immigrants. Pour les autochtones ou minorités nationales, on veut de leur culture dite "régionale" mais pas de leur langue et pour les immigrants, c'est pire, on ne veut ni de leur culture, ni de leur langue. Quoique je trouve légitime et naturel que les enfants des immigrants parlent la langue de leur société d'accueil.
Une perception biaisée
Ce qui m'intéresse ici, c'est de savoir la proportion des Français dits de souche versus les Arabo-berbères. Mon constat le plus criant sur cette diversité est loin de l'idée ou des perceptions que je m'en faisais au départ. Est-ce à cause de mes préjugés ou de ce que les médias m'ont fait à croire ?
Dans les faits, les personnes d'origine arabo-berbère ne sont pas si nombreuses que ça. Les Beurs, Harkis, Algériens, Marocains et Tunisiens sont environ 3 millions (selon l'INSEE 1,5 million d’immigrés, soit 31 % des immigrés et 2,4 % de la population totale, sont originaires du Maghreb). Soit moins un Français sur 20. Alors que 35 % des immigrés et 2,7 % de la population totale étaient originaires d’un pays de l'Union européenne à 25. Selon Évelyne Perrin dans ''Identité Nationale'' : « Les personnes d'origine maghrébine y sont également au nombre de 5 à 6 millions ; 3,5 millions ont la nationalité française (dont 500 000 harkis)». La baisse progressive du nombre d’immigrés italiens, espagnols ou polonais est compensée par l’arrivée d’immigrés en provenance d’autres pays, en particulier le Royaume-Uni.
Pendant de nombreuses années, je pensais que la France avait beaucoup de gens originaires du Maghreb et était les États-Unis d'Europe..... mensonge et crap ! (Sauf pour l'équipe nationale de soccer, mais là, on passe d'un extrême à l'autre)
La sur-médiatisation et surexposition négative de cette population m'avaient laissé penser que leur nombre était plus significatif que ça. Intox et/ou désinformation !
Lorsqu'un jour, je suis tombé sur de sales statistiques ethniques, les bras m'en sont tombés : « Les renseignements généraux ont établi un profil type des principaux délinquants dans ces groupes, à partir de l’étude de 436 meneurs, recensés dans 24 quartiers sensibles. Parmi eux, 87 % ont la nationalité française ; 67 % sont d’origine maghrébine et 17 % d’origine africaine. Les Français d’origine non immigrée représentent 9 % des meneurs, selon les RG ».
J'étais content d'avoir enfin des chiffres, c'est toujours bon à savoir, même ceci.
Seulement, je ne suis pas dupe. Je remarque que l'État se permet d'éditer seulement des statistiques pour stigmatiser une partie de sa population avec des raccourcis comme immigration = délinquance, sans pour autant éditer tout autre genre de statistiques ethniques, c'est écœurant. Où sont les autres chiffres sur ces mêmes populations par rapport au taux de chômage, à la moyenne de diplômassion, sur leur degré d'intégration, leur niveau de vie, le salaire moyen, les délits de faciès. leur espérance face à l'avenir...etc. Deux poids, deux mesures. (ces types de statistiques existent, mais ils s'appliquent sur l'ensemble d'une population de quartier ou d'une municipalité)
Objectifs à court terme
À mon avis, il y a des politiciens qui veulent se faire du capital politique en sacrifiant une partie infime de la population, 3 millions chiffre à l'appui, pas 5 ou 10 millions comme on peut le penser. (Ne pas confondre musulmans et Arabes) . Ils veulent mettre tous les maux de la société qu'ils peuvent sur leur dos tout en donnant dans les médias une image négative disproportionnée. Leur objectif est de focaliser l'attention du bon Français sur le mauvais Français (L'étranger de couleur ou de faciès différent pratiquant une mauvaise religion ou même les Roms qui ont une vie de nomade). Cette tactique qui consiste à trouver puis blâmer, condamner, fustiger un bouc-émissaire est vieux comme le monde. Le ''petit peuple'' peut se défouler de ses frustrations, ce n'est pas de sa faute, pas besoin de se remettre en question. Il pourra continuer à voter pour ceux qui lui servent son dessert d'ignominies.
Cela permet surtout aux journalistes et aux politiciens de parler de problèmes liés à la violence, puis les sujets les plus importants pour l'ensemble de la population comme le chômage et la pauvreté sont occultés....par manque de temps d'antenne.
En France, aujourd'hui, on ne parle plus que de burqa, de niqab, de polygamie et autres stéréotypes pour camoufler une crise financière terrible, une augmentation d'un demi million de chômeurs français en un an, un pouvoir d'achat qui diminue sans cesse, des endettements ménagers trop nombreux et un État au bord de la faillite. Pendant ce temps, leurs gouvernants portent la responsabilité de cette stigmatisation ethnique, à la limite du frotti-frotta avec la xénophobie, mais toujours sans l'atteindre, quoique. Et les grands médias complices, de relayer.
Ça me fait penser à une phrase que j'aime souvent citer dans les conversations avec mes amis : Dans nos démocraties, un vrai journaliste est un journaliste qui est capable de poser toutes les questions, sauf les vraies. Sinon, il est viré pour incompétence.
Pour finir
Je veux finir comme j'ai commencé, c'est-à-dire par une note humoristique et sarcastique.
Nicolas Sarkozy a dit « La France, aimez-la ou quittez-la », et bien si vous vivez certaines discriminations en France, si vous êtes en bonne santé et possédez un diplôme, quittez la France car « Vous avez une place au Québec » ... Mais il me semble qu'ici aussi votre fort accent et votre complexe de supériorité seront vos nouvelles discriminations . On en perd une mais on en récupère une autre. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, même les discriminations.
Tabarnac ! ou comme dit Bart Simpson Cowabunga !
Mais coudonc, personne ne s'en sort !
Un billet d'humeur et d'humour, incisif parfois mais sans queue ni tête.
Quelques lectures :
* Maudits Français ! (Site d'un Français vivant au Québec et ayant un regard critique et sociologique de notre société)
* L'emprise des médias sur la banlieue Julie Sedel cherche à mettre en évidence la contribution spécifique des médias à la fabrication et à la diffusion du stigmate attaché aujourd’hui à la banlieue et à ses habitants.
* Statistiques ethniques : Laetitia Van Eeckhout est-elle journaliste ou militante ?