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Ce blog cherche à sensibiliser les lecteurs sur la diversité ethnolinguistique de notre planète, avec certaines réflexions qui me viennent et qui sont en rapport avec les cartes linguistiques de mon site.

L'aka-bo n'est plus !

Ce n'est pas seulement, une langue et sa vision du monde qui disparaissent, mais aussi un peuple ayant un patrimoine génétique des plus anciens qui soit et unique au monde. Quelle énorme perte ! 
Cette perte génétique, c'est celle d'une partie de l'Histoire humaine qui ne s'est jamais écrite durant 80 000 ans. À comparer au niveau du temps, les hiéroglyphes du IVe millénaire avant notre ère sont loin du compte. Depuis 400 ans, le patrimoine génétique de l'humanité est en plein changement et une nouvelle ère est en train de s'écrire. Je ne sais pas si c'est pour le pire ou le meilleur, ce que je sais, c'est que cette diversité au niveau mondial se fond dans un méandre de populations gigantesques et disparaît peu à peu.


Boa Sr, décédée le 26 janvier 2010 à l'âge d'environ 85 ans, était la dernière locutrice de l'Aka-bo, l’une des dix langues andamanaises. On considère que la tribu Bo, qui vivait dans les îles Andaman depuis 65 000 ans, étaient les descendants de l’une des plus anciennes cultures humaines de la planète.

Deux cartes linguistiques très différentes, l'une de 1858 et l'autre de2010.

aka-boPour en savoir un peu plus ; L’extermination d’une tribu andamanaise s’achève après la disparition de son dernier représentant. Petit article intéressant où l'on peut écouter cette langue !

Quelques références bibliographiques

  1. Temple, Richard C. (1902). A Grammar of the Andamanese Languages, being Chapter IV of Part I of the Census Report on the Andaman and Nicobar Islands. Superintendent's Printing Press: Port Blair.
  2. "GA Community". Vanishing Voices of the Great Andamanese (VOGA). Retrieved 2010-02-05. 
  3.  "Obituary for Boa Sr.". Vanishing Voices of the Great Andamanese (VOGA). Retrieved 2010-02-05. 
  4.  "Wolfram Alpha". Retrieved 2010-02-07.

Je vous incite fortement à lire aussi ce court article : Les langues et la mémoire historique de Paula Kasares, professeur associé de l'Université de Navarre.



Un héritage génétique unique

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/03/Great_Andamanese_women_-_1876.jpgLes Andamanais, de nationalités indiennes, sont théoriquement issus d'une grande migration côtière en provenance d'Afrique, qui s'est faite le long des régions côtières de l'Inde continentale et vers l'Asie du Sud, le Japon et l'Océanie. L'analyse génétique des Andamanais inclue l'ADN nucléaire et de l'ADN haplotype, héritage à la fois par la lignée du sexe féminin (ADN mitochondrial) et de la ligne de sexe masculin (chromosome Y).

Les Andamanais appartiennent à la grande lignée du chromosome Y désigné par Spencer Wells comme M130 (haplogroupe C). Il s'agit d'une lignée qui semble avoir émigré d'Afrique de l'Est il y a au moins 50 000 ans et ce, le long de la côte sud de l'Asie vers l'Est, puis vers l'Australie. Au sein de cette lignée, les Andamanais (Onges et Jarawa) appartiennent presque exclusivement au sous-type désigné haplotype D, qui est également courant au Tibet et au Japon, mais rare sur le continent indien. Toutefois, il s'agit d'une sous-clade (sous-groupe de sous-gènes) de l'haplogroupe D qui n'a pas été observée en dehors des Andamanais, marquant l'insularité de ces tribus. Le seul autre groupe qui soit connu et qui appartient majoritairement à l'haplogroupe D, est le peuple autochtone aïnou du Japon. Les hommes du Grand Andaman, d'autre part, ont une présence dans le chromosome Y d'haplogroupes O, L, K et P, ce qui les place parmi les populations du continent indien et d'Asie.

 

andamanais.jpgTous les Andamanais appartiennent au sous-groupe M, qui est largement distribué dans le sous-continent indien, mais rare en Afrique et dans d'autres zones à l'ouest de l'Inde. En outre, ils appartiennent à des sous-groupes M2 et M4, qui tous les deux se retrouvent fréquemment dans toute l'Inde. Cela implique une longue histoire des Andamanais sur les îles, ce qui permettrait à l'heure actuel de penser qu'un développement local génétique isolé s'est produit. Il est aussi probable que les îles Andaman aient été à l'origine colonisées par deux groupes différents, qui ne se sont pas mélangés durant des dizaines de milliers d'années.

Ils ne présentent pas d'affinités génétiques spécifiques avec toute autre population dans le monde. Cela a amené certains généticiens à conclure que les Andamanais "semblent être restées dans l'isolement pendant une période beaucoup plus longue que toute autre population anciennes connus à ce jour dans le monde."
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9b/Negritos-carte.png
Une ex
plication de leur originalité vient du fait qu'ils sont les survivants et descendants des premiers hommes venus d'Afrique. Ils sont restés génétiquement isolés dans leur habitat actuels et ce, depuis leur arrivée.

Cela contraste avec les Nicobarais voisins ou Shompens, qui sont surtout des immigrants récents en provenance du continent asiatique.

Certains anthropologues affirment que le sud de l'Inde et l'Asie du Sud étaient autrefois peuplés en grande partie par des Négritos similaires aux Andamanais, tout comme certaines populations tribales dans le sud de l'Inde, les Irulas, ou les Aetas aux Philippines.
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