Cette perte génétique, c'est celle d'une partie de l'Histoire humaine qui ne s'est jamais écrite durant 80 000 ans. À comparer au niveau du temps, les hiéroglyphes du IVe millénaire avant notre ère sont loin du compte. Depuis 400 ans, le patrimoine génétique de l'humanité est en plein changement et une nouvelle ère est en train de s'écrire. Je ne sais pas si c'est pour le pire ou le meilleur, ce que je sais, c'est que cette diversité au niveau mondial se fond dans un méandre de populations gigantesques et disparaît peu à peu.
Boa Sr, décédée le 26 janvier 2010 à l'âge d'environ 85 ans, était la dernière locutrice de l'Aka-bo, l’une des dix langues andamanaises. On considère que la tribu Bo, qui vivait dans les îles Andaman depuis 65 000 ans, étaient les descendants de l’une des plus anciennes cultures humaines de la planète.
Pour en savoir un peu plus ; L’extermination d’une tribu andamanaise s’achève après la disparition de son dernier représentant. Petit article intéressant où l'on peut écouter cette langue !
Quelques références bibliographiques
- Temple, Richard C. (1902). A Grammar of the Andamanese Languages, being Chapter IV of Part I of the Census Report on the Andaman and Nicobar Islands. Superintendent's Printing Press: Port Blair.
- "GA Community". Vanishing Voices of the Great Andamanese (VOGA). Retrieved 2010-02-05.
- "Obituary for Boa Sr.". Vanishing Voices of the Great Andamanese (VOGA). Retrieved 2010-02-05.
- "Wolfram Alpha". Retrieved 2010-02-07.
Je vous incite fortement à lire aussi ce court article : Les langues et la mémoire historique de Paula Kasares, professeur associé de l'Université de Navarre.
Un héritage génétique unique

Les Andamanais appartiennent à la grande lignée du chromosome Y désigné par Spencer Wells comme M130 (haplogroupe C). Il s'agit d'une lignée qui semble avoir émigré d'Afrique de l'Est il y a au moins 50 000 ans et ce, le long de la côte sud de l'Asie vers l'Est, puis vers l'Australie. Au sein de cette lignée, les Andamanais (Onges et Jarawa) appartiennent presque exclusivement au sous-type désigné haplotype D, qui est également courant au Tibet et au Japon, mais rare sur le continent indien. Toutefois, il s'agit d'une sous-clade (sous-groupe de sous-gènes) de l'haplogroupe D qui n'a pas été observée en dehors des Andamanais, marquant l'insularité de ces tribus. Le seul autre groupe qui soit connu et qui appartient majoritairement à l'haplogroupe D, est le peuple autochtone aïnou du Japon. Les hommes du Grand Andaman, d'autre part, ont une présence dans le chromosome Y d'haplogroupes O, L, K et P, ce qui les place parmi les populations du continent indien et d'Asie.

Ils ne présentent pas d'affinités génétiques spécifiques avec toute autre population dans le monde. Cela a amené certains généticiens à conclure que les Andamanais "semblent être restées dans l'isolement pendant une période beaucoup plus longue que toute autre population anciennes connus à ce jour dans le monde."

Une explication de leur originalité vient du fait qu'ils sont les survivants et descendants des premiers hommes venus d'Afrique. Ils sont restés génétiquement isolés dans leur habitat actuels et ce, depuis leur arrivée.
Cela contraste avec les Nicobarais voisins ou Shompens, qui sont surtout des immigrants récents en provenance du continent asiatique.
Certains anthropologues affirment que le sud de l'Inde et l'Asie du Sud étaient autrefois peuplés en grande partie par des Négritos similaires aux Andamanais, tout comme certaines populations tribales dans le sud de l'Inde, les Irulas, ou les Aetas aux Philippines.